Le site du Collège des Généralistes Enseignants de LOIRE ATLANTIQUE VENDEE

CNGE

Participez collectivement...

Joseph Rousselot

31/01/2006

Ne nous endormons pas ...

Le conseil d’administration du CGELAV est totalement solidaire du mouvement de mécontentement exprimé à l’échelon national par le CNGE. Nous engageons chaque maître de stage à signer la pétition : « Préservons la médecine générale et son enseignement » qui est en ligne sur le site du CNGE. Nous encourageons aussi pour 2006 une forte campagne d’adhésion au collège national. Cette démarche nous semble importante pour faire reconnaître notre association, tant pour asseoir sa représentativité que pour favoriser la reconnaissance universitaire des enseignants actuellement en exercice dans les départements de médecine générale.

Il y a encore beaucoup de chemin à faire. Nous ne sommes même pas représentés à ce jour en tant que filière autonome au Conseil National des Universités...La médecine générale ne s’écrit-elle que dans les facultés ? Défaut de reconnaissance, conflit d’intérêt, crise de recrutement : la fonction de généraliste du XXI siècle serait-elle si difficile ou deviendrait-elle impopulaire ?

Il nous faut travailler à mettre en place une plate forme qui soit lisible pour les étudiants et aussi la population, les politiques se rangeant peu ou prou sur la réactivité du grand nombre dans un domaine ou la seule certitude est l’importance de ce qui touche la santé et le bien être pour l’individu. Notre fonction d’enseignant est aussi de proposer une réflexion d’avenir sur la profession que vont exercer nos internes ? Il est de moins en moins certain que le mode d’exercice actuel corresponde à ce projet d’avenir

Le médecin généraliste en 2006 ?

-  il est assuré de gagner sa vie, quels que soient sa motivation et son niveau de compétence, ce qui ne pousse pas à la remise en question de l’exercice, de la mise en place d’une formation continue véritable, d’une évaluation des pratiques, d’un travail collectif de recherche et d’action. Nos « divisions » ne sont pas structurées et la seule vraie réactivité est financière ou poujadiste (le vieux « syndrome d’Asterix »...)
-  il n’y a pas de communauté d’intérêt parmi les généralistes et on n’échappe pas à la tendance actuelle de notre société qui est de se refermer sur le système individuel ou familial par épuisement des grands idéaux collectifs, la dévalorisation de la représentativité démocratique du pouvoir, la culture hédoniste du « soi », la culture du doute.
-  la valeur ajoutée de l’exercice généraliste tourne autour de la spécificité de la relation singulière avec le patient : une fonction non mesurable, multiforme, qui intrigue, qu’on nous jalouse parfois, sans doute un élément moteur qui légitime notre engagement propre d’enseignant mais qui irrite les technocrates responsables de l’évaluation économique et que comprend mal l’université traditionnelle. Seule l’industrie pharmaceutique utilise à ses fins cette atomisation : union de fait entre l’informel et le « business » : expliquer ? ne pas donner ? éduquer ? libérer ? inonder ? inquiéter ? rendre dépendant ? etc... Comment gérer les tendances contradictoires ?
-  le paiement à l’acte n’est pas générateur d’économie : consulter vite et multiplier les actes avec en balance la médiocrité potentielle du travail effectué...
-  la seule mesure de régulation qu’ait trouvé à ce jour le politique est la diminution de la masse globale des praticiens en fonction : ex. le MICA
-  l’organisation actuelle du système dévalorise, dans la structure pyramidale qu’est la nôtre, la fonction du généraliste (le fantassin de base) : rhume pour le MG, vaccin pour le pédiatre, pilule pour le gynéco, acné pour le dermato, etc...
-  Il est illusoire de penser que le déficit actuel d’IMG provient exclusivement du numérus-clausus et du manque de volonté de mise en place du stage d‘externe en 2° cycle. Comment naît la vocation des jeunes généralistes aujourd’hui ? parfois par identification mais sans doute le plus souvent par réaction face au formatage de la formation universitaire initiale et le rouleau compresseur de la toute puissance hospitalière. Notre vocation humaniste d’enseignant nous fait prétendre que la formation que nous proposons dans le 3° cycle est lisible, quantifiable, opposable à la formation traditionnelle universitaire. Qui le pense vraiment en dehors de nous ? Les étudiants dans leur majorité ne sont-ils pas plus à l’aise dans la fonction de technicien d’organe ? Ils sont avec des techniciens hospitalo-universitaires référencés, et ils deviendront demain les supers-techniciens. A-t-on besoin de « philosophes » ?
-  Le temps de travail moyen du généraliste est un argument dissuasif, et peut plus encore celui du généraliste enseignant ! Serait-ce que le modèle que nous proposons est trop bien pour nos concurrents d’intérêt ou trop lourd pour nos futurs pairs ?
-  La féminisation de la profession, qui n’avait pas été projetée, est une composante de la crise annoncée. (NB : le corps des généralistes enseignants est largement masculin... Comme en politique... Affaire de génération sans doute mais encore...)

Quelles propositions ?

1°) Imaginer un modèle de diversification des sources de revenus qui ne soit pas une prime pour la course à l’acte...qui soit aussi recevable pour la population habituée au mode de consommation actuelle... Les jeunes sont sans doute plus ouverts à cette réflexion que la génération « bien » installée...

2°) Favoriser les échanges avec les jeunes en formation ou issus de la formation initiale : communauté d’intérêt entre le CNGE et l’ISNAR ? Les politiques n’écoute-t-il pas plus les jeunes ? C’est de toute façon pour nous un lien à cultiver.

3°) Médiatiser nos idées auprès du public et des politiques. Le CNGE a créé et mis à disposition un dossier complet d’information sur la situation actuelle.

5°) Et bien sûr écrire encore plus et mieux notre exercice, stimuler les travaux de recherche, la réalisation de thèse de médecine générale.

La médecine générale : combien de divisions ? Bôf... Mais on observe souvent un paradoxe qui donne du grain à moudre : Bien sûr mon médecin est « le meilleur » même si autour « tous pourris » entend-t-on régulièrement... Un mouvement de doute s’installe sournoisement : nous nous voyons confrontés au scepticisme, au questionnement parfois à l’agression même dans nos cabinets « idéaux » de généraliste-plus. La situation devient instable ; elle est donc appelée à évoluer...

Cette analyse et ces propositions issues de la synthèse des propos de notre dernière réunion du conseil d’administration et annotées des réflexions personnelles de votre serviteur doit permettre d’ouvrir un débat. Un droit de réponse est ouvert : n’hésitez pas à vous manifester... Je vous renvoie à l’excellent texte de J.P. Canevet qu’il a publié dans le forum du CNGE en Novembre et que j’ai retranscrit sur le site